08/08/2024 0 Commentaires
Le canon dans le canon
Le canon dans le canon
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Le canon dans le canon
Prédication du dimanche de la Trinité (12 juin 2022)
(Jean 3, 16) Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.
Certains diront que ce verset est le résumé, la synthèse, l’aide-mémoire ultime de la foi chrétienne. « Le » verset biblique, peut-être le seul, qu’il vaut la peine d’apprendre par cœur ; le verset idéal pour se le rappeler à chaque fois quand on se brosse les dents : Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.
Et si vous trouvez la formulation un peu vieillotte, écrite dans un langage désuet, vous pouvez le encore le condenser ainsi : « En Jésus de Nazareth, Dieu révèle son amour pour l’humanité et le monde » !
Ce verset a quelque chose de mystérieux, comme tout l’entretien nocturne de Jésus et de Nicodème. C’est comme s’il avait été composé exprès afin qu’on le retienne, qu’on l’apprenne par cœur.
Dans le jargon des spécialistes, on dit que ce verset représente le « canon dans le canon ».
Le canon, c’est le choix de livres que l’Église a retenu pour communiquer avec Dieu : la Bible hébraïque, l’Ancien Testament, que les chrétiens ont en commun avec le judaïsme, et qui est composé de 39 livres (ou d’un peu plus, si l’on compte les livres dits deutérocanoniques) ; puis le Nouveau Testament, composé de 27 écrits. Le canon de la Bible, c’est donc en quelque sorte la table des matières.
Si l’on dit alors que le verset 16 dans Jean 3 est le « canon dans le canon », c’est pour dire qu’il est le sommaire de la table des matières : il est la paire de lunettes qui permettra de lire l’ensemble biblique, ou dit autrement, il est la clé de compréhension de toute la Bible chrétienne.
Il ne faut toutefois pas tomber dans l’erreur de certains milieux protestants, comme si ce verset était sacré, une formule magique, qu’il suffirait de prononcer pour que les cœurs se convertissent et que le salut soit proclamé !
Non, ce verset aussi mérite qu’on s’interroge : quel en est le sens ? Quelle en est la signification ?
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle.
Tous les mots de la phrase ont un poids ; ce sont des notions fortes, denses, riches de sens.
Je m’arrêterai ce matin avec vous seulement sur le début et à la fin de ce verset.
S’intéresser au commencement puis à la finalité, permet de repérer le sens, la visée, l’orientation. Il en est de même pour mon existence.
Au début du verset se trouve : Dieu ; Dieu en premier, le premier, Celui qui précède, Celui qui devance, Celui qui est source, au commencement. C’est ainsi que commence la Genèse, le livre des origines. Or on pourrait se demander : quel dieu ?Quelle est sa nature ? Son identité ? Ses particularités ? Son action ?
Vient alors un verbe, un seul verbe pour caractériser son action ; ce qu’il fait, ce qu’il donne à connaître de Lui : « Dieu a tant aimé ». Dieu : s’il fallait le caractériser d’un mot, ce serait le mot « amour ». « Dieu est amour », écrit l’auteur d’une des épîtres de Jean. Un Dieu d’amour en premier, voilà un des fondamentaux sur lequel s’appuyer, sur lequel construire, auquel faire confiance. En premier, dans le fondement de nos vies, de l’Église, du monde, non pas le hasard, non pas rien, non pas le chaos, non pas le désordre, où le non-sens, non pas le mal, non pas des puissances maléfiques obscures où mortifères, non pas l’intérêt des puissants mais un Dieu d’amour.
Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils, son unique, pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. La phrase s’achève sur la notion de vie éternelle. Un Dieu d’amour qui a pour visée la vie éternelle. Son projet, sa volonté, sa vision, c’est d’être, par son amour, source de vie éternelle ; d’une vie qui commence ici et maintenant, qui a goût et densité, qui permet de vivre vers l’éternité.
Entre ce point de départ, un Dieu d’amour, et le point d’arrivée, la vie éternelle, c’est-à- dire une vie de qualité, il y a le monde que Dieu aime. Le monde entier ; un amour sans limite, non réservé à quelques-uns ni à quelques élites, mais destiné à tous, à l’humanité et à son environnement.
Entre le point de départ et le point d’arrivée, il y a le Fils unique donné, Jésus-Christ, expression totale, manifestation unique de cet amour de Dieu. Un amour qui n’est pas un concept, seulement une idée, un idéal ou une idéologie, ni seulement une intention, ni une belle émotion ou un beau sentiment, mais un amour-engagement, un amour visant le bien, le bien pour l’autre, avec l’autre.
Entre ces deux points, mon existence est désignée comme une marche, une démarche vers la vie éternelle. Dans ma vie, Dieu me dit : Marche en ma présence, je suis avec toi. Lorsque tu avances, je prends ton chemin, je te tiens la main.
Amen !
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