08/08/2024 0 Commentaires
Dieu nous veut libres
Dieu nous veut libres
# Prédications
Dieu nous veut libres
Prédication du dimanche 16 oct 2022
Je n’avais pas le choix…
Il fallait que ça arrive…
Si seulement j’avais choisi de faire autrement…Chers amis, quel choix avons-nous ?
Les sociologues et les psychologues nous disent que de toute façon notre avenir est conditionné par notre niveau d’éducation, par nos diplômes, par les écoles que nous avons fréquentées, la profession de nos parents ;
Certains lecteurs de la Bible nous disent que même si nous croyons choisir, notre itinéraire, notre « destinée » est déjà toute tracé, par le Dieu Éternel omniscient;
Les athées nous disent que nos choix sont prédéterminés par les choix faits par d’autres, ailleurs, que notre vie n’est qu’une succession de concours de circonstances sans orientation particulière, régie par les deux principes totalement contradictoires de la causalité et du chaos.
On peut en effet voir son itinéraire terrestre ainsi, comme un fourmillement de choix qui s’enchaînent, se croisent, se contredisent : si le 5 avril 1998 j’avais choisi A plutôt que B, et le 24 mars 2003 choisi C plutôt que D, serais-je avec vous ce matin ?
Jean-Paul Sartre est indéniablement le philosophe qui affirme de la manière la plus radicale que nous avons le choix de nos choix. Pour lui, avoir le choix de nos choix est ce qui caractérise notre condition entièrement libre et responsable. Pour Sartre, la liberté de choix a comme conséquence redoutable l’absence de toute excuse pour nos actes. Et ce n’est pas utile : choisir d’être ou de faire ceci ou cela, c’est affirmer la valeur de ce que nous choisissons. Pour Sartre, nous ne pouvons donc jamais choisir le mal : ce que nous choisissons, c’est toujours le bien, et rien ne peut être bon pour nous sans l’être pour tous.
Cette position radicale de Sartre (dans _L’existentialisme est un humanisme_) est une réponse polémique contre la psychanalyse freudienne. En effet, à l’inverse de Sartre, pour Sigmund Freud nous n’avons pas le choix de nos choix, car ces derniers nous sont dictés soit par l’inconscient ou soit par le surconscient. Le moi croit être libre de choisir, mais en fait il est toujours sans le savoir contraint soit par le surmoi (les interdits sociétaux et parentaux) ou par le ça (les désirs refoulés).
Pour d’aucuns, ce deuxième point de vue conduit en effet au fatalisme : même si je voulais, je ne peux réellement choisir. Le fatalisme est une idéologie qui au départ vient de ces religions où elle est associée aux « dieux » et au « ciel ». Le « destin » y est fixé d’avance par une puissance supérieure aux êtres humains, qui peut être un dieu, ou bien la nécessité naturelle, ou encore les « lois » gouvernant l’histoire, qui prononceront le jugement dernier sur nous…
Le texte que nous avons lu dans le livre du Deutéronome s’inscrit radicalement en faux contre ces deux extrêmes. La Bible annonce une sorte « Jugement premier » qui n’affirme pas seulement qu’un choix est possible, mais qu’il est obligatoire ! Dieu dit : J’ai placé devant toi la vie et le bonheur, la mort et le malheur. Choisis la vie !
On est là au cœur de la relation avec le Dieu de la Bible : c’est une vie responsable devant un Dieu exigeant. Le Dieu de la Bible n’est pas le dieu qui nous enlève la liberté, il n’est pas le parrain d’un sort immuable, la vie avec lui n’est pas une fatalité ! Sa devise pour l’humain est : Tu es responsable ! Choisis la vie.
Or, est-ce vraiment une bonne nouvelle d’être obligé de choisir ? N’est-ce pas plus rassurant que de penser que le Destin ou un dieu omniscient auraient choisi à ma place ?
Dans l’éthique chrétienne, il y a un préalable à tout acte bon ou mauvais : Quand notre responsabilité risque de nous écraser et que la peur du jugement oppresse, nous pouvons toujours nous souvenir qu’avant tous nos choix, Dieu nous a déjà choisi, et que nous sommes toujours au bénéfice de son « jugement premier », de sa vie avec nous, dans notre responsabilité de construire le bonheur.
Dieu ne dit pas : « Choisis toi, parce que je ne sais pas quoi faire, moi… »
Il dit : « Dans la suite de mon “jugement premier”, tu choisiras la vie pour que tu vives, en aimant - en écoutant - en t’attachant à moi. »
Le Dieu de la Bible ne m’impose pas ses choix divins, mais il propose la trace d’un chemin de vie qui a une orientation, un sens. Tous les problèmes et toutes les difficultés sont loin d’être résolus d’avance, mais la confiance qui m’est faite m’encourage à les affronter comme des opportunités pour connaître ma liberté. Dieu nous veut libres, et il croit en chacun de nous pour y arriver.
Faire des choix, peser toutes les options, se sentir parfois exposé au jugement des autres : ce sont donc des lieux de la rencontre avec Dieu, dont le jugement premier n’est pas à craindre. Amen !
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