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Concert Micrologus

Date
Mercredi 7 Décembre 2022 20:15
Localisation
Eglise du Temple Neuf, Place du Temple Neuf, 67000 Strasbourg
Prix
Entrée libre - Plateau


Ensemble Micrologus

Musiques de films de Pier Paolo Pasolini


Avec :

Patrizia Bovi - chant, harpe, buccina (tromne médiévale)

Goffredo Degli Expos - flûte droite, flûte bicalamo, cornamusa

Gabriele Russo - viola, ribeca, buccina (trombone médiévale)

Peppe Frana - liuto, cytola, crotales

Enea Sorini - chant, cèbe (tamburello), naccaroni (castagnettes)



A l'occasion du centenaire de la naissance de Pier Paolo Pasolini (5 mars 1922), Micrologus a imaginé un concert qui veut reparcourir la musique de l’étonnante filmographie médiévale du réalisateur. Le premier film de la Trilogie de la vie est le Décaméron de 1971, qui foisonne de musique ancienne et traditionnelle, avec laquelle Pasolini ouvre et conclut ses films, créant ainsi un paysage sonore complexe et vivant. Mais même Les Contes de Canterbury (1972) n'est pas moins imprégné de musique traditionnelle et médiévale. Ce n'est que dans le troisième film, Les Mille et une nuits (1974) que Pasolini choisit, en revanche, la musique classique toujours en alternance avec la musique traditionnelle. Pour en revenir au Décaméron, il convient de noter que Pasolini déplace le cadre toscan où évolue la haute bourgeoisie vers une Naples populaire et vitale (que Boccace avait également connue), marquée par des thèmes musicaux totalement nouveaux pour le public de l'époque. Aujourd'hui, après des décennies de world-music, certaines des formes musicales traditionnelles utilisées par Pasolini (la fronna, la tammurriata, la tarantella de Montemarano, etc.), choisies avec l'aide de l’expert Ennio Morricone, semblent évidentes, presque banales. Par conséquent, Micrologus, en reconstruisant les principaux moments musicaux, fort de son expérience également dans la musique de tradition orale, s'amuse à faire en sorte que ce qui est traditionnel (c'est-à-dire populaire) devienne médiéval et que ce qui est médiéval devienne populaire.

Un défi, mais aussi une surprise pour le public, de remettre au centre la question, non pas de faire de la musique pour le cinéma, mais de définir ce que sont la culture d’en haut et la culture d’en bas, et les différentes formes de sauvegarde et de transmission (et de relative "trahison" dans la tradition).

Le concert Micrologus, qui se concentre sur la musique profane à l'origine de ce qu'on appelle l'Ars Nova italien du Trecento, fait la part belle à différents types de vocalité, tant soliste que polyphonique, dans des ballades et des canzonette, avec l'utilisation également de nombreux instruments musicaux. La vièle, le luth et la harpe accompagnent le chant ; les flûtes et autres instruments à vent jouent des musiques de danse sauvage (salterelli et istampite) soutenus par des percussions. Certaines de ces musiques sont l'œuvre de compositeurs importants du XIVe siècle, qui ont participé activement à la vie et à la culture de l'époque, notamment à Florence ; d'autres, en revanche, sont des œuvres anonymes, tout comme les musiques traditionnelles revisitées.

En conclusion de ce propos qui est abordé aujourd'hui dans plusieurs essais et articles, il est juste de souligner que deux des thèmes les plus fréquemment utilisés par Pasolini suivent le même chemin : d'un passé lointain à une reconnaissance plus ou moins récente. Le premier est Fenesta ca' lucive, véritable leitmotiv de plusieurs de ses films, attribué à Vincenzo Bellini et récemment reconnu comme une chanson populaire napolitaine beaucoup plus ancienne : dans les paroles, l'amour et la mort sont présents, et cette musique trouve probablement son origine dans une chanson populaire albanaise d'amour et d'exil. L'autre est le Ritornello delle lavandaie del Vomero, qui emprunte un chemin encore plus long : de La bella lavanderina, une transformation de Madonna pollaiola, une chanson typique de la tradition ludique enfantine des Apennins toscans-émiliens (présente également en Ombrie sous le titre de Ballo imperiale), qui est un contrafactum de la chanson à danser L'acqua corre la borrana, citée dans la huitième journée du Décaméron lorsqu'elle parle de Monna Belcolore, une femme du peuple de Varlungo qui "savait mieux que quiconque jouer du tamburin et chanter... « e menar la ridda e il ballonchi ».

Goffredo.Degli Esposti